Casamance : les critères ou la décision d’organiser l’initiation de bukut en pays Joola du Boulouf
Abstract
Dans cette perspective, l’objectif majeur de ce travail est de
montrer l’idée selon laquelle le bukut, étant une survivance des religions
de terroirs ou traditionnelles qui n’ont plus d’adeptes dans la zone à cause
des religions révélées que sont le christianisme (le catholicisme) et
l’islam1
, est un processus émanant de représentations sociales et de
pratiques divinatoires et rituelles qui entérinent le passage des initiés à
l’âge adulte. Dans le Boulouf (l’arrondissement de Tendouck, département de
Bignona), personne ne fixe le moment de l’organisation du rite initiatique de
bukut. C’est plutôt le « fétiche2 » de bukut qui le signale à travers des indices
pouvant être déchiffrés par les seuls initiés prêtres et sages qui ont des
connaissances et aptitudes « occultes ». En jouant pleinement leur rôle dans le
processus de l’organisation du bukut, ces derniers n’ont point manqué
d’homologuer le mythe fondateur et les ancêtres en vue de renforcer les rapports
des vivants avec le milieu, par l’exécution des rituels qui accompagnent les
signes annonciateurs du déroulement de l’initiation. Ces « esprits surnaturels »,
désignés sous le nom de divins et d’ancêtres, sont le relais de la relation de
dépendance qui existe entre le Diola et la nature. À cette occasion, les ancêtres
reçoivent de nombreuses offrandes de la part des vivants et, après, ils intercèdent
à leur faveur auprès d’Ata-Émit (Dieu). Le décèlement des signes annonciateurs
ou des critères de fixation qui constituent les éléments permettant de déclencher
le processus de bukut est suivi de pratiques divinatoires et de rituels qui, n’étant
pas identiques à tous les villages, engage solennellement la communauté dans
l’organisation irréversible des rituels du bukut. En principe, ces rites ou rituels
s’achèvent par une séance de danses où l’on note la présence massive des
femmes de tout âge qui chantent et dansent avec les hommes à l’honneur des
futurs initiés. Toutes les couches sociales participent à cette séance de danses.