Complications infectieuses associées aux mutilations génitales féminines : étude d'une cohorte rétrospective de 794 parturientes en Casamance (Sénégal)
Abstract
INTRODUCTION
Les mutilations génitales féminines constituent un problème de santé publique.
L’objectif général de notre étude était d’évaluer les associations entre les
mutilations génitales féminines et les infections sexuellement transmissibles ou à
transmission congénitale habituellement recherchées chez les parturientes au
niveau des régions de la Casamance dans le Sud du Sénégal.
MÉTHODOLOGIE
Nous avions mené une étude de cohorte rétrospective, du 13 Mai 2019 au 23
Janvier 2020 en Casamance, incluant toutes les parturientes âgées d’au moins
18ans et sans risque évident de dystocie. Les données étaient recueillies sur un
questionnaire puis saisies et analysées à l’aide du logiciel Epi info version 7.2.3.1.
RÉSULTATS
Nous avions colligé 794 parturientes dont 506 mutilées. L’âge moyen de nos
parturientes était de 26ans, avec des extrêmes de 18 à 43ans. La majorité étaient
mariées (87,9%), femmes au foyer (72,3%) et Musulmanes (98,4%). Les ethnies
les plus représentées étaient les Poulhars (32,7%), les Diolas (25,7%) et
Mandingues (21,1%). Elles ignoraient leur statut dans 36% des cas et ne savaient
pas à quel âge elles ont été excisées dans 64,7% des cas. Celles qui le savaient l’on
subi entre 1 et 5 ans (52,8%), en groupe sans cérémonie (28,5%) et par une femme
reconnue (43,8%). Les différents types OMS de MGF était représentés comme
suit : II (50%), I (46,2%), III (3,4%) et IV (0,4%).
La prescription d’antibiotiques en peri-partum était significativement plus élevée
dans le groupe des mutilées (OR =3,5 ; p= 0,014), de même que l’infection
néonatale (p= 0,0042) plus représentée dans le groupe des mutilées (5,5 vs 1,1%)
avec un OR=1,58 [0,49 -5,01]. La mortinatalité était de 80 pour 1000 nouveau-nés
chez les mutilées contre 35 pour 1000 nouveau-nés chez les non mutilées (p=0,02).
Une infection à VIH/SIDA était retrouvée chez 3 parturientes (0,4%) toutes
mutilées et la prévalence de l’hépatite (2,7%), de la syphilis (0,2%); la rubéole
(0,1%) ; la toxoplasmose (0,2%). Aucune différence significative n’a été notée
entre les deux groupes sur le plan de la prévalence de ces infections.
CONCLUSION
La mutilation génitale féminine est fréquente chez les parturientes en Casamance.
Elle est associée à une infection néonatale et une prescription plus fréquente
d’antibiotiques aux parturientes.