Étude rétrospective des conséquences obstétricales liées aux mutilations génitales féminines en Casamance (Sénégal)
Abstract
Objectif : Les Mutilations Génitales Féminines sont des pratiques qui n’apportent pas d’avantages sur
le plan médical. L’objectif général de notre étude était d’évaluer les conséquences de la pratique sur
la marche de l’accouchement et du post-partum.
Patientes et Méthodes : Nous avions mené une étude de cohorte rétrospective, multicentrique, sur
une période de 7 mois s’étendant de Juin 2019 à Décembre 2019. L’unité statistique était une
parturiente à terme portant une grossesse mono-fœtale non compliquée sans dystocie identifiée.
Nous avions opté pour une méthodologie analytique et comparative afin d’obtenir des résultats d’une
fiabilité satisfaisante.
Résultats : Nous avions recruté 794 parturientes durant la période d’étude, avec une prévalence de
64,23%. Le profil le plus rencontré était celui d’une parturiente d’environ 25,9 ans, portant une
mutilation de type I ou II, mariée, paucigeste et paucipare, ayant 1 à 2 enfants, résidant en zone
rurale, musulmane, d’ethnie peulh, mandingue ou diola, instruite mais sans emploi. Parmi les
parturientes mutilées, la majorité évoquait des raisons socio-culturelles pour justifier la pérennité de la
pratique. L’opération se déroulait le plus souvent en groupe, sans cérémonie, et la majorité ignorait
l’âge au moment de l’opération. La quasi-totalité des parturientes avaient bénéficié d’au moins 4 CPN
de qualité, réalisées par des sage-femmes. Les parturientes enquêtées présentaient un état
hémodynamique stable et avaient toutes accouché par voie basse avec un petite proportion d’aide à
la ventouse. Leur accouchement avait été pris en charge par un personnel qualifié. Les antécédents
obstétricaux ainsi que les données des examens général et obstétrical étaient comparables dans les
deux groupes. La durée du travail avait été similaire dans les 2 groupes sans lien statistiquement
significatif. Le modelage de la tête présentait un OR à 2,4 en faveur des parturientes mutilées. Les
complications du postpartum à type d’hémorragies et de déchirures avaient été rencontrées
majoritairement chez les parturientes mutilées sans liaison statistiquement significative. Les
parturientes mutilées présentaient un risque infectieux car elles avaient 5,4 fois plus le risque de se
voir prescrire une antibiothérapie. Nous n’avions pas noté de lien statistiquement significatif entre la
présence de mutilation chez la mère et la survenue d’asphyxie périnatale, de traumatisme, ou de
décès chez le nouveau-né. Par ailleurs, le refus de la contraception était 1,8 fois plus fréquent chez
les parturientes mutilées.
Conclusion : Les facteurs socio-démographiques liés à la Mutilation Génitale Féminine se dessinent
bien au décours de cette étude. Les complications sont à redouter, cependant elles sont palliées
lorsque l’accouchement est pris en charge par un personnel qualifié.