Les mobilisations familliales pour le départ migratoire à partir de la casamance (Sénégal)
Abstract
Le rapport entre les salaires de base en Europe occidentale et en Afrique
subsaharienne est d’au moins un facteur dix, voire nettement plus ; et il n’évolue
guère. Beaucoup de jeunes Africains rêvent donc d’émigrer en Europe. La voie
aérienne reste un privilège réservé aux familles des élites : pour prendre l’avion
il faut un visa pour un pays européen. Sans visa il ne reste que la voie maritime,
par navigation côtière le long des côtes africaines, et la voie terrestre à travers le
Sahara. Ce sont ces voies très dangereuses et à l’issue aléatoire qu’empruntent
chaque année des dizaines de milliers de migrants. L’article étudie le cas d’une
famille de petits paysans-éleveurs vivant d’autosubsistance à l’intérieur de la
Casamance, la région du Sud du Sénégal. Il permet de voir comment ce groupe
familial de 42 personnes en vient à décider d’envoyer l’un des siens tenter d’entrer
clandestinement en France, au risque de sa vie. Comment il choisit le migrant
et se mobilise pour réunir les fonds nécessaires ; et ce qu’il advient des deux
tentatives. Cette étude de cas donne une idée des étapes suivies chaque année
par des dizaines de milliers d’autres familles en Afrique.