Aspects épidémiologiques, diagnostiques, thérapeutiques et évolutifs de la maladie veineuse thromboembolique à l'Hôpital de la paix de Ziguinchor à props d'une étude rétrospective de 102 cas.
Abstract
Introduction :La Maladie veineuse thromboembolique (MVTE) est une entité anatomo-clinique regroupant la
thrombose veineuse profonde (TVP) et sa complication majeure, l’embolie pulmonaire (EP). C’est une pathologie
multifactorielle , fréquente et récidivante qui présente une mortalité et une morbidité importante, constituant ainsi
un enjeu majeur de santé publique et la troisième cause de mortalité cardiovasculaire après l’IDM et l’AVC. À
Ziguinchor, aucune étude globale sur les MVTE n’y est encore, à ce jour, disponible d’où l'’intérêt de notre étude.
Nos objectifs étaient d’étudier les aspects épidémiologiques, diagnostiques, thérapeutiques et évolutifs de la
MTEV à l’hôpital de la Paix de Ziguinchor.
Méthodologie : Nous avons réalisé une étude rétrospective, descriptive et analytique sur une période de 07 ans ,
allant de Janvier 2015 à Décembre 2022 au service de médecine interne et au service des urgences de l’hôpital de
la Paix de Ziguinchor , incluant tous les patients qui présentaient une TVP et/ou une EP confirmées par l’écho-
Doppler veineux ou l’angioscanner pulmonaire. Les paramètres étudiés étaient les données épidémiologiques,
diagnostiques, thérapeutiques et évolutives. Les données ont été recueillies sur une fiche préétablie , saisies avec
le logiciel Epi Info 7 et analysées avec le logiciel SPSS version 21. Le seuil de significativité était retenu pour
une valeur de p<0,05.
Résultats : Nous avions dénombré 102 cas de MTEV dont 81 cas de TV soit 79,41% des cas et 21 cas d’EP soit
20,59% des cas. Aucun patient ne présentait une association TV+ EP. La prévalence hospitalière globale était de
0,87 %. Cette prévalence était de 0,69 % pour les thromboses veineuses et de 0,18% pour les embolies pulmonaires.
L’âge moyen de nos patients était de 51,27 ±18 ans avec des extrêmes de 19 et 91ans. La tranche d’âge la plus
représentative était celle comprise entre 40-60 ans. On notait une prédominance féminine avec un sex-ratio (H/F)
de 0,85. La catégorie socio-professionnelle la plus représentée était celle des ménagères, secondée par celle des
cultivateurs. La durée moyenne d’hospitalisation était de 10,34 jours (+/- 5) avec des extrêmes de 2 et 31 jours.
L’incidence de la MVTE était plus élevée en 2022 et en 2019. La symptomatologie des thromboses veineuses
(TV) était dominée par la tuméfaction des membres inférieurs (100%) , l’impotence fonctionnelle du membre
inferieur (69,14%) et la douleur du membre (86,42%). Pour les EP, la symptomatologie clinique était dominée par
la dyspnée (95,24%) et la présence de râles crépitants (80,95%). La douleur thoracique, la toux et l’hypoxie étaient
respectivement présentes dans 76,19%, 61,90% et 57,14% des cas. La probabilité clinique évalué par le score de
Wells pour la TVP était forte chez 6,17% des patients, intermédiaire chez 66,67% et faible chez 27,16%. Pour les
EP, 66,67% avaient une probabilité clinique intermédiaire et 33,33% des patients avaient une probabilité clinique
faible. Aucun patient n’avait une probabilité clinique forte. L’échodoppler veineux avait objectivé une
prédominance des TV au niveau du réseau veineux profond (86,42%). Les TV siégeaient exclusivement aux
membres inférieurs (100%) avec une localisation gauche prédominante (62,96%). L’angioscanner thoracique a
permis la confirmation de tous les cas d’embolie pulmonaire et avait objectivé une prédominance des EP
unilatérales (52,38%). Les emboles étaient surtout localisés au niveau de l’artère pulmonaire droite avec une
fréquence de 33,33%. L’ embolie pulmonaire était distale chez 47,62% des patients. A l’ECG, les signes de l’EP
étaient essentiellement représentés par la tachycardie sinusale (16,28%), les ondes T négatives en V1V2V3
(9,30%) et le signe de Mc Ginn et White (16,28%). L’échographie doppler cardiaque montrait une dilatation des
cavités droites avec septum paradoxal dans 40% des cas d’embolie pulmonaire et une HTAP dans 20% des cas.
Les principaux facteurs étiologiques retrouvés étaient l’âge avancé (34,31%), l’HTA (20,59%), le diabète
(10,78%), les pathologies infectieuses (18,63%) , la ménopause (18,63%), et l’alitement prolongé (12,75%). Le
schéma thérapeutique associant HBPM et AVK d’emblée était prescrit chez 96,81%. L’enoxaparine sodique était
la seule héparine administrée. L’Acénocoumarol était l’AVK le plus utilisé (97,80%) et 2,20% des patients ont
été mis sous Fluindione. Seuls 4,90% de nos patients étaient sous AOD. La contention élastique a été prescrite
chez 96,30% des patients. Le lever précoce était noté chez 11,11% de nos patients. Aucun patient n’avait bénéficié
d’une thrombolyse. L’évolution intra-hospitalière était globalement favorable sous anticoagulation dans
84,31%.Les complications retrouvées étaient le choc cardiogénique (2,94%), la détresse respiratoire aigüe
(6,86%), le collapsus cardiovasculaire (0,98%) et l’hémorragie sous anticoagulants (0,98%). Une récidive de la
MVTE avait été notée dans 2 cas soit 1,96%. Sept (7) décès ont été enregistrés dans notre série soit un taux de
mortalité de 6,86%. Ces décès étaient significativement correlés à l’âge avancé > 60 ans , au diabète et à l’HTA.
Conclusion
Ce travail a permis de montrer que la maladie thromboembolique veineuse est souvent rencontrée dans
notre pratique quotidienne mais reste encore sous-évaluée. Il est important de mettre en place un plateau
technique adéquat et accessible permettant un diagnostic et une prise en charge précoce de la maladie
thromboembolique veineuse surtout dans les régions