Différenciation Socio-Spatiale des Pratiques et des Usages de la Végétation Ligneuse dans la Ville de Ziguinchor
Abstract
Par-delà les fonctions esthétiques, sociétales (aménités urbaines) et
écologiques qu’on leur accorde généralement en ville, les arbres comestibles
ou non, plantés ou spontanés présents dans la ville de Ziguinchor et sa
périphérie rendent de nombreux services et biens à travers les usages qu’en
font les habitants et les ressources qu’ils en attendent. Cet article étudie
l’évolution et les principaux usages (alimentaires, médicaux et énergétiques)
de la végétation ligneuse. Dans un contexte d’urbanisation accélérée de la ville
de Ziguinchor et d’intensification des prélèvements de produits ligneux liées
à la croissance de la population urbaine alimentée par la crise politique (conflit
casamançais) et les crises climatiques (sécheresses des années 1970 et 1980).
Depuis 1973, l’évolution de la végétation est plus marquée par le recul des
ligneux dans le tissu urbain et péri-urbain de Ziguinchor (Diouf, 2022). La
reconfiguration de la ville combinée aux choix des emplacements des ligneux
par les habitants mettent en évidence différents types d’arbres - arbres de cour,
arbres de devanture, arbres d’alignement, arbres d’espace public (jardin) et
arbres spontanés – disséminés au sein et aux abords de la ville sous forme
d’arbres isolés ou groupés. Les usages des arbres ont été décelés à l’aide
d’enquêtes par entretiens semi-directifs menés auprès des habitants et des
acteurs-décideurs ainsi qu’à l’observation directe du paysage végétal (terrain).
Les relevés floristiques effectués ont permis de lister les principales espèces
arborées identifiées grâce aux usages qu’en font les populations. Il ressort de
cette approche, une différenciation des usages et des pratiques de l’arbre selon
les quartiers (populaires ou aisés) et les catégories socio-professionnelles des
habitants. Ainsi, dans les quartiers populaires, l’arbre est une ressource
alimentaire (feuilles, fruits), énergétique (bois mort et chardon de bois),
médicinale et en bois de service (clôture, charpente…) non négligeable pour
les citadins démunis. Alors que dans les quartiers résidentiels aisés, l’arbre est
particulièrement prisé pour ses rôles esthétique et écologique.