Analyse des conditions atmosphériques associées à la saison des pluies 2020 au Sahel
Abstract
L’Afrique de l’Ouest, en particulier le Sahel, a connu un changement climatique au cours des dernières
décennies. Ce changement climatique a été associé à des événements extrêmes tels que les inondations de
l’année 2020, qui ont causé des dommages matériels et humains dans plusieurs zones de l’Afrique de l’Ouest.
L’objectif de l’étude est d’analyser les conditions atmosphériques associées à la saison des pluies de l’année
2020 au Sahel. Pour atteindre notre but, nous avons d’abord cherché à comprendre la distribution spatiale
de la température de surface de la mer (Sea Surface Temperature ou SST en anglais) avant et pendant
la saison des pluies 2020. Ensuite, il s’est agi d'étudier les conditions dynamiques et thermodynamiques
associées à la saison des pluies 2020 en la comparant à la climatologie 1991-2020. Les résultats obtenus
avec les données de pluie du Global Precipitation Climatology Project (GPCP) montrent que la pluie
est excédentaire durant l’année 2020 sur toute la bande sahélienne avec des maxima localisés sur une
ceinture allant du Niger au Sénégal en passant par le Burkina Faso et le Mali. Cette forte pluviométrie
a provoqué les inondations dévastatrices de l’année 2020 dans cette bande sahélienne.Le cycle annuel
montre que la pluie est plus forte en 2020 comparée `a la climatologie 1991-2020 surtout durant le cœur
de l’hivernage (juillet `a septembre). L’analyse de la SST montre des anomalies positives sur l’ensemble
du domaine avant la saison des pluies (Mars-Avril) synonyme d’un certain réchauffement. Ensuite, une
anomalie négative de SST est détectée dans le golfe de Guinée en Mai-Juin (début de la saison des pluies)
et durant le cœur de la saison des pluies 2020 traduisant la présence d’une forte langue d’eau froide qui
correspond `a un refroidissement des eaux dans cette région.Cette forte langue d’eau froide peut induire un
fort gradient de température entre le golfe de Guinée et le continent ; ce qui peut aboutir à l’établissement
d’un fort flux de mousson. Les réanalyses du National Center for Environmental Prediction (NCEP) version
2 indiquent que le flux de mousson et le Jet d’Est Tropical (JET) sont plus forts durant la saison des
pluies 2020 comparée à la climatologie 1991-2020 en cohérence avec la distribution de la SST. Le jet d’Est
Africain (JEA) est positionné plus au Nord.En sus de cela, humidité intégrée dans les basses couches
(pression réduite au niveau de la mer) est plus forte (faible) en 2020 dans la bande sahélienne suggérant
la présence d’un environnement instable favorable `a la convection. L’analyse de la divergence en haute
troposphère (200 hPa) indique une forte situation de divergence qui est cohérente avec le renforcement
de la pluie en zone Guinéenne et dans la bande sahélienne en 2020, comparée à la climatologie 1991-2020.
L’analyse de la pression réduite au niveau de la mer montre un anticyclone de St Hélène plus fort et une
situation dépressionnaire favorable `a la convection au Sahel en 2020. Le profil vertical de la vitesse verticale
montre deux zones de mouvements ascendants beaucoup plus développées en 2020 que pour la climatologie
1991-2020. La première zone d’ascendance située au Sud est relative à la convection humide ; alors que la
seconde traduit la présence de la dépression thermique saharienne (convection sèche) au Nord du Sahel.
L’ensemble de ces résultats montrent que les conditions dynamiques et thermodynamiques étaient plus
favorables à un hivernage pluvieux en 2020 ; ce qui peut se traduire par la survenue des pluies diluviennes
observées durant cette année.