Étude de l'observance thérapeutique chez les patients vivant avec une insuffisance cardiaque suivis en ambulatoire au service de cardiologie de l'Hôpital de la Paix de Ziguinchor
Abstract
ÉTUDE DE L’OBSERVANCE THÉRAPEUTIQUE CHEZ LES PATIENTS VIVANTS AVEC
UNE INSUFFISANCE CARDIAQUE SUIVIS EN AMBULATOIRE AU SERVICE DE
CARDIOLOGIE DE L’HÔPITAL DE LA PAIX DE ZIGUINCHOR
INTRODUCTION
L’insuffisance cardiaque est une pathologie complexe qui revêt un grand polymorphisme clinique, et
dont les manifestations peuvent être trompeuses. Elle constitue un problème important de santé publique
par sa fréquence, sa mortalité, mais aussi par sa morbidité et les ressources médicales et économiques
significatives qu'elle absorbe. L’observance thérapeutique, également appelée adhérence au traitement,
fait référence à la mesure dans laquelle les patients suivent les recommandations médicales prescrites
par leur professionnel de santé.
L’objectif principal de cette étude était d’évaluer l’observance du traitement médicamenteux chez les
patients insuffisants cardiaques suivis en ambulatoire au service de cardiologie de l’Hôpital de la Paix
de Ziguinchor.
MÉTHODOLOGIE
Nous avons réalisé une étude transversale descriptive à collecte prospective de juillet 2023 à novembre
2023 au service de consultation externe de cardiologie de l’Hôpital de la Paix de Ziguinchor.
L’observance a été évaluée selon le test d’évaluation de l’observance de Morisky. Les données ont été
recueillies sur une fiche préétablie. La saisie des données a été faite sur Excel 2016, puis exportée et
analysée grâce au logiciel SPSS version 23 avec un intervalle de confiance de 95 %.
RÉSULTATS
Au total, 100 patients ont été inclus dans l’étude. L'âge moyen était de 60,42 ans ± 15,91. Les hommes
étaient prédominants, représentant un sex-ratio (H/F) de 1,08. Le niveau socio-économique a été évalué
comme moyen chez 61 % des participants. Dans notre étude, 90 % des patients présentaient au moins
un facteur de risque cardiovasculaire. Le délai moyen de consultation était de 28,35 jours pouvant
indiquer une éventuelle sous-évaluation des symptômes par les patients ou des barrières d’accès aux
soins. Les signes fonctionnels étaient dominés par la dyspnée, affectant 94 % des patients. Les
manifestations cliniques indiquaient que 60 % des patients avaient des signes d'insuffisance cardiaque
gauche, 34 % présentaient des signes d'insuffisance cardiaque globale et 6 % avaient des signes
d'insuffisance cardiaque droite. Lors de l'échographie cardiaque, la moyenne de la fraction d'éjection du
ventricule gauche (FEVG) était de 41,23 % ± 12,96. Près de la moitié des cas (49,48 %) présentaient
une insuffisance cardiaque avec altération de la FEVG. Parmi les patients inclus dans l'étude, 34 % ont
manifesté une décompensation de leur insuffisance cardiaque. L’inobservance s’est avérée être le facteur
prédominant représentant 55,89 % des cas. Le nombre moyen de médicaments étaient de 4,04 ± 1,32.
Les diurétiques de l’anse étaient plus prescrits (58 %), suivis des diurétiques épargneurs de potassium
et des IEC, occupant respectivement 56 % et 48 % des prescriptions. Au sein de notre population d’étude,
76 % avaient des problèmes d’observance thérapeutique, se répartissant en 39 % avec une mauvaise
observance et 37 % présentant des difficultés minimes d’observance. Des paramètres étaient
significativement associés à l’inobservance thérapeutique. Il s’agissait du nombre de médicaments pris
(p = 0,02) et du bas niveau socio-économique (p < 0,05). Par ailleurs, d’autres facteurs intervenaient
dans la distribution de l’observance, mais sans lien statistiquement significatif. Il s’agissait de l’âge
avancé (p = 0,334), du sexe féminin (p = 0,497), de la non-scolarisation (p = 0,125), de l’absence d’une
activité professionnelle (p = 0,209), du coût moyen mensuel de l’ordonnance élevé (p = 0,10), de
l’ignorance de la maladie (p = 0,152) et de l’ignorance de la durée du traitement (p = 0,153).
CONCLUSION
L’observance thérapeutique dans notre population d’étude s’est révélée faible. Les principaux facteurs
de cette mauvaise observance étaient : le bas niveau socio-économique et le nombre de médicaments
pris.