Évolution des pratiques rizicoles dans la commune de Niaguis en Basse-Casamance : impacts sur la production et perspectives de développement
Abstract
La Basse-Casamance, située au sud du Sénégal, est l’une des zones éco-géographiques les plus
rizicoles du pays. La riziculture traditionnelle est ancrée dans la tradition et la coutume des
populations locales, notamment les Diola et les Baïnounk. Le riz occupe la première place non
seulement dans l’alimentation des familles, mais aussi dans les événements culturels et
religieux. Cependant, la riziculture traditionnelle, principale activité des populations de la
Basse-Casamance, traverse une crise depuis plusieurs décennies exacerbées par le changement
climatique. Les vallées rizicoles ont connu une véritable dégradation des sols qui ne cesse de
s’accentuer au fil des années. La salinisation, l’acidification, l’ensablement qui étaient des
phénomènes peu connus dans cette région sud vers les années 60, ont réussi à s’installer et à
arracher une bonne partie des rizières de la Basse-Casamance, créant ainsi une crise socio-économique. A cette crise environnementale, s’ajoute le conflit armé qui sévit dans cette partie
du pays depuis plus de quatre décennies, opposant l’armée sénégalaise et le Mouvement des
Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Ce conflit sera sanglant vers les années 90 à
2000, et va causer le déplacement d’un bon nombre de populations des villages de la Basse-Casamance. Après plusieurs années d’abandon de leurs villages et de leurs activités, les
populations de la commune de Niaguis vont rejoindre leurs villages et essayer de reprendre
leurs activités. Et comme les plateaux n’étaient encore faciles d’accès à causes des mines, la
riziculture a bénéficié de la part de l’Etat et de certains partenaires privés un certain nombre de
projets et de programmes pour sa relance après la fermeture du barrage de Guidel au début du
conflit. Documenter cette problématique dans un contexte de crise socio-environnementale
devient alors un impératif scientifique. L’objectif de ce travail est d’évaluer l’évolution des
pratiques rizicoles et leurs impacts sur la production du riz dans la commune de Niaguis en
Basse-Casamance. Les travaux de terrain et l’utilisation des outils de la géomatique ont révélé
trois types de pratiques rizicoles dans la commune de Niaguis. L’analyse a montré une véritable
évolution régressive de ces pratiques locales rizicoles aussi bien dans le temps, dans l’espace
que dans l’organisation globale du travail. Ces pratiques ne sont plus totalement traditionnelles
et ne sont pas modernes non plus. Elles ne sont plus efficaces et ne permettent pas d’améliorer
la production en riz, déjà insignifiante, dans cette commune. Ainsi, face à la dégradation des
parcelles rizicoles, et surtout à la substitution de l’activité rizicole par l’exploitation de
l’anacarde, quel avenir pour la riziculture dans la commune Niaguis, et même en Basse-Casamance