Dynamique et réhabilitation de la mangrove dans le bassin du Soungrougrou en Casamance (Sénégal)
Abstract
Ce travail de recherche a pour objectif d’analyser la dynamique de la mangrove et les actions
de réhabilitation de cet écosystème dans le bassin du Soungrougrou entre 1978 et 2019. Cette
zone présente un cadre pédologique et floristique diversifié favorisant l’épanouissement de
beaucoup d’espèces floristiques et fauniques. Elle est caractérisée par une diversité ethnique
favorisant la pratique de plusieurs activités socioéconomiques (la riziculture, la culture
céréalière, la pêche…). Or, les externalités de la sècheresse des années 1970 et 1980 ont
entraîné de profondes mutations sur les écosystèmes et les activités socioéconomiques de la
zone.
L’approche méthodologique s’appuie sur le traitement et l’analyse d’images satellitaires
Landsat (MSS de 1978, TM de 1990 et OLI-TIRS de 2019) et aériennes (Google Earth de 2009,
2014 et 2019). Elle se base également sur le traitement et l’analyse de données climatiques et
sur la collecte de données sur le terrain (observations de terrain, levés de point GPS, enquêtes
ménages et perception des populations).
Les résultats ont montré une extension des tannes humides au détriment de la mangrove. En
effet, la mangrove a perdu 2066,9 ha de sa superficie entre 1978 et 2019. Ces pertes sont liées
à la baisse de la pluviométrie des années 70-80 qui se fait toujours sentir dans la zone à travers
la salinisation de l’eau et du sol, la coupe du bois, l’exploitation abusive des ressources de la
mangrove et l’aménagement d’infrastructures routières. Cette situation a engendré la disparition
et la menace d’espèces fauniques et floristiques, la baisse du potentiel productif et la précarité
des activités liées à la mangrove. Face à cette situation, des initiatives locales de réhabilitation
de la mangrove, soutenues par des partenaires à travers une démarche participative, a suscité
une forte mobilisation des communautés. Ces actions ont permis de réhabiliter 155,23 ha de
mangrove dégradée, dans le secteur de Coubanao et Hatioune. En revanche, il a été constaté
qu’au niveau des parcelles reboisées, la mortalité de la mangrove reste toujours importante à
cause du fort niveau de salinité dans le Soungrougrou.