Négritude, labilité et résilience chez Césaire
Abstract
En s’interrogeant sur les figures du discours anthropologique, l’anthropologue Francis Affergan se demande si, dans les mondes antillais (dans lesquels il voit les «mondes possibles» de demain), l’identité se construit sur les cendres des identités ensevelies avec la déportation et la colonisation ou si elle est fondée sur un « quiproquo » sociétal. Il en arrive alors à penser que le colonialisme n’est pas une domination mécanique du Nègre importé d’Afrique par le Blanc géreur mais qu’elle est « au tout début, désirée». Ce point de vue peut-il être cautionné par la littérature antillaise? Quand Césaire criait : «Debout la négraille», ne voulait-il pas inciter les Nègres (entre autres opprimés) à remporter d’autres victoires que celle de «l’endurance à la chicotte»? Aujourd’hui encore, combien sont-ils les écrivains noirs qui veulent aussi que «la négraille assise» soit «debout et libre»? Le Cahier d’où sont extraites ces expressions peut-il être considéré, plus qu’une exhortation à la résistance, comme un manifeste héroïque chantant l’endurance, cette labilité (au sens de réadaptation), cette résilience des Hommes qui ont su triompher des pires épreuves de la vie? Et l’art n’est-il pas toujours un moyen pour conjurer les angoisses du Temps?