dc.description.abstract | Dans le contexte des changements globaux, le pastoralisme se positionne comme un système de
production pertinent dans les zones semi-arides. Face aux menaces qui pèsent sur ces systèmes, il
est nécessaire de penser des règles d’aménagement et de gestion flexibles, ancrées dans les
réalités socio-écologiques locales. Cet article présente un travail conduit dans le Ferlo (Zone
sylvopastorale), habité principalement par des pasteurs peuls. Depuis plus d’un demi-siècle, le
Ferlo est le théâtre d’incessantes politiques et projets de développement accumulés autour de la
gestion des ressources pastorales et de la lutte contre la désertification. Nous défendons l’idée
que leurs difficultés à résoudre les défis socio-écologiques du Ferlo tiennent en partie du fait
qu’ils reposent sur un narratif devenu obsolète, celui d’une brousse en libre accès utilisé par une
population éparse. En nous appuyant sur un travail de terrain et sur l’analyse de documents,
nous proposons une mise à jour de ce narratif, en décrivant la transition socio-écologique du
Ferlo depuis le système historique du hurum vers un système contemporain caractérisé par une
grande complexité foncière, l’atomisation des habitations, la disparition progressive des espaces
communs et la compétition pour l’accès aux ressources. Au fil de l’article nous attirons
l’attention sur les potentielles conséquences du décalage entre le Ferlo tel que perçu par les
pouvoirs publics et les agents de développement d’un côté, et la manière dont il est de facto
utilisé par les pasteurs peuls : capture légale de l’espace par l’État, montée des tensions entre
usagers du territoire et pression sur les ressources naturelles. | en_US |