Hépatite B et grossesse : évaluation des stratégies de prévention de la transmission mère-enfant dans les dans les centres hospitaliers de Ziguinchor
Abstract
Objectif : Evaluer les stratégies de prévention de la transmission mère-enfant du virus de l’hépatite B dans les
centres hospitaliers de Ziguinchor.
Méthodologie : il s’agissait d’une étude descriptive, transversale et analytique réalisée au niveau des différentes
maternités de la région de Ziguinchor (l’hôpital de la Paix, l’hôpital Régional, l’hôpital Silence) auprès des
parturientes venues accoucher dans ces structures durant la période d’étude allant du 21 septembre 2018 au 07
avril 2019. Les données recueillies étaient consignées sur une fiche signalétique puis saisies et analysées avec le
logiciel Sphinx Plus(5) et Excel version 10.
Résultats : notre étude concernait 500 patientes venues accoucher dans les sites d’étude.
La prévalence du dépistage de l’hépatite B était de 78,2%, celle de l’association hépatite B et grossesse était de
7,4%. L’âge moyen des mères était de 27,21 ans et celui des patientes AgHBs+ était de 28,27 ans avec des
extrêmes de 16 et 43 ans. Les patientes séropositives au VHB mariées représentaient 65,5%. La majorité des
patientes étaient sénégalaises (97%).
Plus de la moitié des patientes n’étaient pas scolarisées (54%) et 86% étaient sans emploi. La majorité des
femmes enceintes présentant l’hépatite B n’avaient jamais été scolarisées ou présentaient un bas niveau de
scolarisation (69%). Parmi elles, très peu avait un revenu financier (20,7%). Très peu de parturientes déclaraient
avoir eu un antécédent d’IST ou de comportement sexuel à risque. Le taux d’antécédent d’IST et de CSR avoué
chez les patientes AgHBs+ étaient de respectivement de 6,9% et 3,5%. La gestité moyenne était de 3 et la parité
moyenne de 2. Seules 17,2% parmi les dépistées positives se savaient porteuses de l’AgHBs au cours de leur
grossesse antérieure et seules 3,4% avaient connaissance d’une notion d’hépatopathie familiale. La majorité des
patientes (97%) ont eu au moins une CPN. Ces CPN ont été réalisées en majorité dans des postes de santé et le
suivi assuré par des sages-femmes. Le dépistage de l’AgHBs a été effectué au cours du 2e
trimestre de la
grossesse chez la majorité des patientes (89,5%). Le bilan de co-infection n’a été fait chez aucune des patientes
AgHBs positif concernant l’hépatite C et D. Concernant le VIH, le taux de dépistage s’élevait à 72% et le taux
de positivité à 1,7%. La prévalence de l’association VHB-VIH était de 3,4%. Les marqueurs viraux du VHB, le
bilan biologique hépatique et l’échographie abdominale n’ont été demandé chez aucune des 29 patientes AgHBs
positif. Sur l’ensemble des grossesses 89,8% ont été menées jusqu’à terme. Chez les patientes AgHBs positif, la
prévalence de la prématurité était de 10,3%. A la naissance le score d’Apgar à la 5eme minute de vie était inférieur
à 7 chez 17,2% des nouveau-nés de mères séropositives au VHB. L’immunothérapie et le traitement antiviral
n’ont été administrés à aucune des 29 patientes AgHBs positif pendant la grossesse. Une RPM a été observée
dans 118 cas (soit une proportion de 23,6% de l’ensemble de la population d’étude) dont 85 ont duré plus de 12
heures (72% des RPM). Chez les patientes AgHBs+, le taux de survenu de RPM était de 20,7%. Aucune
précaution particulière n’avait été prise lors de l’accouchement des mères AgHBs+. La majorité des
accouchements s’étaient faits par voie basse (81,8%). Ce taux avait atteint 86,2% chez les séropositives au VHB.
Le taux de réalisation de l’épisiotomie était de 41,7% chez les parturientes AgHBs+ et la majorité des
accouchements par voie basse ont duré entre 3 et 6 heures. Le taux de travail prolongé (supérieur à 6 heures)
était de 4,2%. Le poids moyen des nouveau-nés était de2823g. Parmi les nouveau-nés de mères AgHBs+, 17,2%
avaient un faible poids de naissance. Aucun nouveau-né n’avait bénéficié de l’immunothérapie et le taux de
réalisation de la vaccination s’élevait à 60%. La vaccination de 98% des nouveau-nés dans le groupe des
vaccinés a été effectué avant la 2eme heure de vie. Le taux de vaccination des nouveau-nés de mères AgHBs+
s’élevait à 58,6% tous vaccinés avant la 12eme heure de vie. La majorité des mères séropositives au VHB avaient
déclarées vouloir allaiter leur nouveau-nés exclusivement au sein(86,2%) et aucune des mères AgHBs+ n’avait
été mise sous traitement antiviral au moment de démarrer l’allaitement.
Conclusion : la prévention de la transmission mère-enfant du virus de l’hépatite B est une nécessité dans nos
contextes pour espérer limiter l’incidence des pathologies hépatiques graves telles que la cirrhose et le carcinome
hépatocellulaire.