Repenser le legs historique et culturel dans Garçon manqué de Nina Bouraoui
Abstract
Cette présente réflexion sur Garçon manqué se donne l’ambition de
dévoiler la crise identitaire subie par Nina Bouraoui, l’auteure, la
narratrice et la protagoniste du roman, ainsi que les multiples
problèmes raciaux qu’elle a rencontrés pendant sa jeunesse. Née
dans un milieu traditionnel, il lui a été impossible de s’épanouir
convenablement, car pointée du doigt et rejetée par les siens à
cause de sa double appartenance culturelle. Ce statut de personnage ambigu, dont elle est la parfaite incarnation, dérive du
fardeau représenté par le double héritage – algérien et français –
qui contient en soi la semence du conflit. Afin de se soustraire à
ce legs historico-culturel et de vivre pleinement sa vie à sa guise,
l’héroïne se travestit, de facto, en garçon – d’où l’expression «
garçon manqué », qui a donné le titre du livre. Dans l’espace du
père, l’Algérie, un pays islamique, c’est ce travestissement, qui explique, à bien des points, les raisons de la marginalisation, des débats et stigmatisations dont Nina fait l’objet. De l’autre côté, en
France, le pays de sa mère, elle est la victime d’un racisme débordant, à cause de son legs paternel maghrébin.