École et entreprise au Sénégal : quelles articulations entre deux secteurs en clair-obscur ?
Abstract
La situation du marché de l’emploi au Sénégal n’a jamais été aussi
critique. Elle est confirmée par tous les indicateurs socio-économiques du
Sénégal générés par l’Agence nationale de la statistique et de la
démographie (ANSD) et aggravée par les mouvements sociaux. Le
contexte socio-économique semble ébranler la thèse qui veut que la
massification avec les objectifs du millénaire pour le développement
(OMD) puis les objectifs de développement durable (ODD) et l’inflation
scolaire qui s’en suit, soit un gage de progrès et de justice. « La bonne
école », la « bonne filière », la « bonne formation » semblent toujours être
fonction de l’origine sociale et du capital économique de nos enquêtés, ce
qui achève de transformer la massification tant vantée en une
démocratisation ségrégative, voire en un mécanisme de reproduction
sociale. Le taux de chômage élevé serait aussi le résultat de cette vision
égalisatrice « jusque-boutiste » et révèle les carences et le manque de
vision globale des politiques en matière d’éducation nationale et
d’enseignement supérieur. D’ailleurs pendant des décennies,
l’enseignement supérieur était considéré comme une fabrique de
chômeurs à cause d’une inadéquation manifeste entre l’offre et la
demande. De même, toutes les écoles supérieures font la même chose :
banque finance, commerce international, logistique… Pourtant on parle
de l’agro-alimentaire, de BTP, de Coiffure, Couture, Cuisine mais
personne n’y va parce que la représentation sociale de la réussite renvoie
à un bureau, une voiture et un chauffeur. Par ailleurs, la formation
professionnelle est souvent un choix par défaut. On n’y va que lorsqu’on
a échoué partout. Donc un problème de perception des métiers techniques.