dc.description.abstract | La prise en charge de l’état de santé des populations a pendant longtemps été un défi à
relever pour certains pays à faibles revenus comme le Sénégal. En effet, la pauvreté y est
interprétée comme un puissant révélateur des inégalités de santé. Dans cette logique, l’accès
aux soins de santé de qualité pose problème notamment pour les populations du secteur rural et
du monde informel qui ne bénéficient généralement d’aucune protection sociale si l’on prend
en considération la seule couverture de santé sous l’angle du régime obligatoire. C’est dans
cette perspective que des stratégies ont été entreprises pour un système de couverture volontaire
revu, étendu à l’image de la Couverture Maladie Universelle. L’un des axes de cette politique
de l’État sénégalais est celui de la couverture du risque maladie via le volet mutuel de santé.
Ainsi, notre étude, avec des méthodes sociologiques qui relèvent de l’approche qualitative a
pour visée d’observer en quoi la mutualité constitue une opportunité dans la prise en charge de
l’état de santé des populations. En outre, nous avons cherché à cerner les facteurs qui étayent
la pratique de la mutualité dans la commune de Ziguinchor sous l’ancrage des dynamiques
socio-culturelles et économiques. Quand bien même la mutuelle de santé soit perçue par les
décideurs politiques et partenaires de la santé comme une belle initiative, voire une stratégie
dans l’accès aux soins de santé, elle ne suscite pas toujours de l’intérêt de la part des personnes
ciblées. Pour appréhender ce phénomène, nous sommes partis de l’analyse des perceptions vis à-vis du système de mutualité ainsi que les effets que peuvent avoir les perceptions et
représentations sociales de la santé et de la maladie sur le processus de la mutualité dans la
mesure où ces perceptions et représentations sociales orientent l’acteur social dans le recours
aux soins de santé. Les résultats de cette étude ont révélé que la mutuelle de santé ne suscite
pas un intérêt majeur de la part des populations ciblées et que cette initiative ne constitue pas
une priorité pour ces populations qui parviennent difficilement à satisfaire leurs besoins sociaux
fondamentaux. La santé elle-même pour certains de nos interlocuteurs ne relève pas d’une
priorité. Les facteurs de non-adhésion à la mutuelle de santé évoqués sont particulièrement les
problèmes économiques (quoique cet aspect mérite d’être nuancé puisqu’il y a une différence
entre capacité économique et volonté de cotiser), le déficit d’informations notamment par
rapport à l’adhésion et aux prestations de service qu’elle offre, et le manque de volonté. Dans
un contexte social où la qualité des soins de santé pose problème dans certains Points de
Prestations de Soins, la mutuelle de santé grâce à certains leviers peut changer la donne. | en_US |