Analyse de la croissance spatiale de la ville de Canchungo en Guinée-Bissau entre 1968 et 2015.
Date
2019Author
Diéye, El Hadji Balla
Sané, Tidiane
Solly, Boubacar
Diaw, Amadou Tahirou
Dos Santos, Bissanagha Antonio
Seck, Pape
Metadata
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Cet article analyse la croissance spatio-temporelle de la ville de Canchungo en Guinée-Bissau et ses conséquences socio-économiques et environnementales sur la période 1968-2015. La méthodologie adoptée repose sur l'exploitation et l'analyse des données de terrain (enquêtes, entretiens,
observations) et des données géospatiales (image Corona 1968, Landsat 1986, images Google
Earth 2004 et 2015). Les résultats obtenus ont montré une importante croissance spatiale de la ville vers les zones agricoles et les villages environnants sur 47 ans. Entre 1968 et 2015, les zones habitées sont passées de 117 à 518,42 à, soit une extension spatiale de 77,43 %. Cet étalement s'est fait cause de la disponibilité d'importantes réserves foncières aptes à l'habitation (zones de vergers et zones de cultures pluviales). Au sud, il est par contre ralenti par des considérations socio-culturelles d'appropriation des terres de la communauté manjacque majoritaire. En effet, la terre considérée comme sacrée, le consensus est parfois très difficile à obtenir pour la vente. Aussi, les vergers, essentiellement d'anacardes, ont connu un important développement sur 29 ans (entre 1986 et 2015) au détriment des autres types de végétation et de zones de cultures. Ainsi, avec un gain de 566,55 ha, ils ont occupé 38 % du territoire communal de Canchungo en 2015. Cette croissance rapide s'explique par un accroissement naturel soutenu de la population urbaine (3544 habitants en 1991, 15 289 habitants en 2009, soit une augmentation de 76,81 %), un flux important de personnes originaires des zones rurales voire des pays limitrophes faisant de Canchungo une ville
cosmopolite et pluriethnique, et des potentialités socio-économiques qu'offre la ile par rapport à son
hinterland. Cette situation est accentuée par une absence notoire de politiques d'aménagement
adaptées. On assiste ainsi à un réel déséquilibre en termes d'infrastructures et de services de base entre les quartiers centraux et ceux spontanés et en périphérie de la ville. De ce point de vue, les résultats
obtenus restent une contribution qui pourraient aider à la confection de plans ´aménagement et de
gestion urbains pour une meilleure gouvernance de la ville de Canchungo et par extension des villes bissau-guinéennes.