Le Domaine Public Fluvial Naturel (DPFN) de la commune de Ziguinchor : cartographie des usages, cadre règlementaire et perception
Abstract
Cette recherche s’inscrit dans un contexte où les ressources en eau et les écosystèmes
fluviaux revêtent une importance cruciale pour les populations locales, tout en faisant face à
des défis majeurs de gestion durable En effet, la commune de Ziguinchor située en basse
Casamance au sud du Sénégal, est traversée par le fleuve Casamance, qui joue un rôle important
dans la vie socio-économique et culturelle des populations locales. La commune de Ziguinchor
est dotée d’un Domaine Public Fluvial Naturel (DPFN) qui désigne les cours d'eau, leurs berges
et les zones humides associées, qui sont des espaces d'intérêt public. Cependant, ces derniers
sont soumis à des pressions croissantes dues à l'urbanisation, aux changements climatiques, à
la pollution et aux conflits d'usage; ce qui nécessite une gestion intégrée et durable. À
Ziguinchor, l’urbanisation accélérée, alimentée par la croissance démographique, entraîne une
forte pression sur les espaces et les ressources fluviales, essentiels aux activités quotidiennes
des populations. Par ailleurs, les usages au bord du fleuve se multiplient et entraînent parfois
des conflits entre les différents acteurs (pêcheurs, agriculteurs, promoteurs immobiliers, etc.) ;
ce qui soulève la question de la gouvernance et de la régulation de ces espaces. Au Sénégal, le
domaine public fluvial est régi par des textes juridiques qui encadrent son utilisation et sa
protection. Il s’agit de la loi de 1976 portant sur le domaine de l’Etat qui définit les règles
d'usage, les droits et les obligations des usagers. Cependant cette loi semble caduque et
inefficace car elle souffre d’un manque de clarté dans la délimitation du DPFN, d’une faible
sensibilisation des populations aux réglementations et des difficultés de contrôle et de
surveillance par les autorités compétentes.
Dans cette étude, il est utilisé une méthodologie mixte (données géospatiales et enquêtes terrain
par échantillonnage aléatoire simple) pour analyser les usages du DPFN à Ziguinchor et
recueillir les perceptions des populations. Avec un taux de sondage de 20 % (188 ménages
interrogés), complété par des entretiens et un inventaire exhaustif, les résultats révèlent 47
usages répartis inégalement : 21 à Goumel, 16 à Boudody-Escale et 10 à Cobitene. En terme de
superficie, Boudody-Escale domine (61 %, 3,479 ha), suivie de Cobitene (23 %, 1,287 ha) et
Goumel (16 %, 0,942 ha). Ces empiètements massifs questionnent l’efficacité de la loi de 1976,
exposant un décalage entre réglementation et pratiques locales.
