Effets de la mycorhization et des amendements organiques sur la diversité floristique, le sol et le rendement du riz (Oryza sativa L.) en milieu salin (Casamance, Sénégal)
Abstract
En Casamance, la riziculture constitue une activité importante et culturelle pour les populations
locales qui a connu une baisse de rendements exacerbée par les changements climatiques mais
également par une baisse de la fertilité des sols. Conséquemment, plusieurs stratégies sont
développées pour améliorer la production rizicole et des études sont entreprises pour mieux
comprendre l’impact de ces stratégies. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce présent travail qui
contribue à une meilleure connaissance de l’effet de la salinité et des amendements organiques
sur la diversité floristique, sur les propriétés physiques et chimiques du sol et sur le rendement
du riz à Enampore, en Basse Casamance. Spécifiquement, il s’est agi de : (i) recueillir la
perception des producteurs sur l’impact de la salinité sur la production rizicole des vallées ; (ii)
déterminer la composition floristique suivant les types d’occupation du sol ; (iii) déterminer
l’effet combiné de l’inoculation et des amendements organiques (biochar et compost) sur la
croissance et rendement du riz en milieu salin ; (iv) déterminer l’effet des amendements
organiques sur les caractéristiques chimiques du sol, la dynamique et la composition des
espèces herbacées en milieu salin dans les champs des producteurs. Quatre types d’activités
principales ont été menées : (i) une enquête ménage concernant la perception des producteurs
sur les stratégies d’adaptation face à la salinisation des terres rizicoles ; (ii) un inventaire des
herbacées et des espèces ligneuses ; (iii) une installation d’un dispositif expérimental en milieu
semi contrôlé et au champ pour évaluer certains paramètres liés à la croissance, à la physiologie
et au développement du riz (iv) des prélèvements de sol effectués à différentes profondeurs et
leur analyse. Pour la première activité, l’utilisation d’amendements organiques ainsi que la mise
en place de digues anti-sel sont les stratégies les plus adoptées, respectivement pour 69,5% et
67,6% des enquêtés. Il y’a eu au total 24 espèces herbacées réparties dans 22 genres et 11
familles. Les familles dominantes sont représentées par les Poaceae (25%) et les Cyperaceae
(25%). Quant aux espèces ligneuses, 33 espèces appartenant à 31 genres relevant de 18 familles
botaniques ont été recensées et ces dernières sont plus présentes dans les plateaux. En ce qui
concerne le sol, il est de type sablo-limoneux, et il n’y a eu aucune différence significative de
l’effet des amendements sur les caractéristiques chimiques du sol quels que soient la
profondeur, la zone de prélèvement et le site (p>0,05). Le rendement moyen en riz, en graine
et la biomasse sèche sont plus élevés au niveau des parcelles amendées au biochar et au compost
à Selecky et à Essyl (p<0,05). A Essyl, le rendement moyen en riz le plus élevé a été obtenu au
niveau des parcelles amendées au biochar et compost pour la 1ère année dans la zone non salée.
Les rendements en riz de la 1ere année sont significativement supérieurs (p<0,05) à ceux de la
2eme année d’expérimentation. Il ressort de cette étude que les amendements organiques ont
permis d’augmenter le rendement en riz dans les parcelles salées et non-salées. Par contre l’effet
de ces amendements est neutre sur les herbacées, les propriétés physico-chimiques du sol et sur
le développement du riz en zone non salée.