Dégradation des terres rizicoles par salinisation et acidification dans le bassin versant de Diouloulou, en Basse Casamance septentrionale (sud-ouest du Sénégal)
Abstract
La Basse Casamance septentrionale a été frappée par les conséquences de la sécheresse des
années 1970 qui se sont traduites par la baisse de la pluviométrie, l’augmentation de la
salinisation et de l’acidification, l’ensablement des terres rizicoles, donc la régression des terres
rizicoles. Celles-ci ont entraîné l’abandon de nombreuses parcelles rizicoles dans le
Département de Bignona en général et le Bassin Versant de Diouloulou en particulier. Cette
étude vise à comprendre la dégradation des terres rizicoles et les dynamiques actuelles de
l’environnement biophysique et social dans le bassin versant de Diouloulou.
La combinaison des données climatiques, des données géospatiales, et des méthodes d’analyse
relatives aux sciences géographiques (Télédétection, SIG, relevés de points GPS, analyse
physicochimique des échantillons de sols des rizières, mesure de salinité in situ de l’eau du
marigot et des bolons de Diouloulou, enquêtes socioéconomiques auprès des ménages) a permis
de dégager les grandes tendances de l’environnement biophysique et social dans le bassin
versant de Diouloulou.
Les principales contraintes de mise en valeur des parcelles rizicoles dans le Bassin versant de
Diouloulou sont : la baisse de la pluviométrie pendant les années 1970 – 1980 qui a accentué la
salinisation, l’acidification et la faible disponibilité de la main-d’œuvre rizicole. Ainsi,
l’analyse des caractéristiques chimiques des sols a permis de mettre en évidence des faciès à
dominance chloruré sodique et potassique sulfatée sodique. À cet effet, les rizières exploitées,
les cultures de plateau et la mangrove ont connu une tendance régressive avec des taux
d’évolution annuels respectifs de -1,17 %, - 0,68 % et -1,04 %. Les rizières exploitées sont
abandonnées ou substituées par les tannes et la mangrove dans certaines zones.
Face à cette situation de crise, des stratégies sont développées par les paysans, appuyés par
l’État et les ONG à travers, la construction d’une piste de désenclavement, de digues et mini-
barrages anti-sel, la diversification de l’agriculture avec l’arboriculture fruitière, le maraîchage,
la transformation de l’huile de palme. Il faut noter que ces efforts ont eu des résultats positifs
dans certains terroirs comme Kabiline. Mais aujourd’hui, force est de constater que dans la
majeure partie des terroirs villageois du bassin versant de Diouloulou, les infrastructures
hydroagricoles sont inefficaces du fait du manque de suivi et d’entretien par les populations.