Complications obstétricales des mutilations génitales féminines : à propos de 360 cas colligés dans les centres hospitaliers de Ziguinchor
Abstract
Objectif : Les mutilations génitales féminines constituent un problème de santé publique. L’objectif
général de notre étude était d’évaluer les complications obstétricales de la pratique de l’excision dans
les différentes structures hospitalières de la ville de Ziguinchor.
Patientes et méthode : Nous avions mené une étude descriptive, transversale, du 09 septembre 2018
au 17 juillet 2019 dans la ville de Ziguinchor. Les critères d’inclusion étaient : toutes femmes mutilées
qui avaient accouché dans l’un des centres du cadre d’étude. Les variables étudiées étaient la
fréquentation des différents sites d’étude, les antécédents, la typologie, les complications de la
mutilation, les aspects thérapeutiques et obstétricaux pendant l’accouchement et le pronostic maternel
et fœtale à court terme. Les patientes avaient été interrogées puis examiné ensuite suivies tout au long
de l’accouchement. Les données étaient recueillies sur une fiche signalétique puis saisies à l’aide du
logiciel sphinx version 5.1.0.5.
Résultats : Nous avions colligé 360 cas de femmes mutilées sur un total de 1305 parturientes reçues
durant la période d’étude, ce qui représente une fréquence de 27,5 %. L’âge moyen de nos parturientes
était de 26,5 ans, avec des extrêmes de 15 et de 51 ans. Les ethnies diola et mandingue prédominaient,
représentaient respectivement 32,8 % et 26,9 %. Nous avions noté trois types de MGF : le type II
(77,2%), le type I (20,9%), et le type III (1,9%). Deux cent trente et un patientes (64,1%) avaient
accouché par voie basse. Cependant il y avait 35,8 % de césarienne. Parmi celles qui avaient accouché
par voie basse, 20,8 % avaient bénéficié d’une épisiotomie et 14,4 % des patientes avaient présenté
une déchirure périnéale. Par ailleurs 15,5% avaient présenté une dystocie. Les décès périnataux étaient
au nombre de 16. Nous n’avions pas noté de lien entre la mutilation et la mortinatalité. Par contre la
MGF pourrait allonger la durée du travail. Aussi pourrait diminuer le risque de RMP.
Conclusion : La mutilation génitale féminine est un facteur de risque non négligeable de survenue de
certaines complications pendant l’accouchement. Par conséquent, mettre en lumière ses méfaits sur la
santé maternelle et infantile pourrait servir de levier pour sensibiliser la population et promouvoir
l’abandon de la pratique en Casamance pour ne pas dire au Sénégal et dans le monde.