Course vers le foncier, un indicateur révélateur des mutations foncières dans une ville subsaharienne : le cas de Ziguinchor (Sénégal)

Abstract

En Afrique de l'Ouest en général, le foncier connaît de profondes transformations à cause de la croissance démographique, économique et de l'urbanisation rapide. Au Sénégal particulièrement à Ziguinchor, des mutations affectent les espaces agricoles au profit de l'habitat. Depuis les années 2000, dans les quartiers périphériques sud de la ville, la terre est convoitée principalement pour répondre à la fonction résidentielle. Cette situation est à l'origine de la diminution des espaces ruraux et agricoles notamment. L'agriculture urbaine est soumise à de nombreuses contraintes au premier rang desquelles la mutation foncière. Dans ce contexte, la mutation des terres agricoles (bas-fonds, vallées et interstices urbains) en parcelles à usage d'habitat est partout ressentie, du fait d'un accroissement démographique, économique et d'un étalement urbain rapide. Dès lors, la course vers le foncier et les mutations foncières qui en résultent se manifestent par des pertes ou réductions de terres des exploitants agricoles parfois dépositaires coutumiers. Dans le jeu des acteurs (agriculteurs, élus, ONG, organisations paysannes, services déconcentrés, etc.) chacun se prévaut d'une légitimité reconnue, négociée ou contestée sur l'usage des espaces à fort enjeu. Cet article vise à comprendre, à travers les enjeux liés aux mutations, les espaces agricoles les plus menacés puis examiner la recomposition spatiale qui en résulte. La méthodologie est basée sur les outils de la géomatique (cartographie, télédétection, Système d'Information géographique), et combine aussi des enquêtes quantitatives et qualitatives. Elle s'appuie sur l'exploitation de 170 questionnaires adressés aux agriculteurs pour comprendre leurs motivations. Un guide d'entretien individuel a été adressé à 10 agriculteurs et 07 autorités administratives de la ville. Les résultats révèlent que les quartiers périphériques (Diabir, Djibock, Castor, Kandialang et Kenya) deviennent des espaces centraux pour se loger et se nourrir ; intégrant à partir des années 2006 un jeu d'acteurs complexe dans la compétition et pour l'accès au sol dans la ville de Ziguinchor.