Salinisation des terres rizicoles dans la commune de Djibanar (Région de Sédhiou) : manifestations, impacts et stratégies d'adaptation.
Abstract
La salinisation des terres est de nos jours un phénomène mondial et constitue une contrainte
majeure pour la mise en valeur des terres agricoles. En Casamance, les terres rizicoles
généralement constituées de bas-fonds, sont soumises à des risques de dégradations très
intenses essentiellement liées à la salinisation, un phénomène aux mécanismes complexes dont
les facteurs à l’origine sont d’ordre naturel et anthropiques. Ce mémoire vise à analyser le
phénomène de salinisation des terres à l’échelle de la commune de Djibanar (Moyenne Casamance). La méthodologie adoptée s’appuie sur l’exploitation des données de terrain, des
images aériennes et spatiales et de données climatiques et démographiques. L’analyse
diachronique de l’occupation des sols a mis en évidence une régression des terres rizicoles
exploitées au profit de celles non exploitées et des tannes. Les mesures in situ de la salinité des
eaux de surface, ainsi que l’analyse physico-chimique des échantillons de sol prélevés dans les
rizières ont montré une dégradation de la qualité des eaux et des sols dans la commune de
Djibanar. La salinité des eaux croît d’aval vers l’amont du fleuve et en direction des vallées.
Cette variation de la salinité de ces eaux témoigne du fonctionnement anormal du réseau
hydrographique où les rivières et les fleuves sont alimentés par la mer. Quant à la salinité des
sols, les plus importantes valeurs sont notées au niveau des profils situés près du fleuve ou de
ses défluents et les plus faibles valeurs sont notées dans les profils situés dans les parties les
plus en amont des vallées et encore exploitées. La variation de la salinité des sols entre les
campagnes d’échantillonnage montre une baisse de la salinité sur l’essentiel des profils et
illustre un dessalement partiel des sols de bas-fonds dans la commune de Djibanar. La
dégradation des terres rizicoles par salinisation a comme conséquence directe la baisse des
rendements en riz cultivé et la dégradation du couvert végétal due au stress salin. Face à la
gravité de ce phénomène de salinité des terres rizicoles, les riziculteurs, en accord avec l’Etat
et les partenaires au développement, ont développé des stratégies de lutte (endiguement,
drainage, paillage, reboisement de la mangrove) et d’adaptation (pratiques culturales,
amendement, sélection des variétés de riz plus adaptées, épandage du phosphogypse) leur
permettant de renforcer leur résilience à ces mutations environnementales. Cependant, ces
stratégies s’avèrent souvent peu efficaces pour réhabiliter les parcelles rizicoles affectées par la
salinisation, encore moins pour protéger durablement les parcelles non affectées.