Les externalités de la dynamique des « poumons verts » de la région de Dakar : cas de la grande Niaye de Pikine et de la forêt classée de Mbao.
Abstract
La région de Dakar est l’une des plus petites régions du Sénégal en termes de superficie mais
aussi qui abrite le plus de population. Ce constat fait que le besoin en espace pour l’extension
du front urbain reste toujours d’actualité et les espaces naturels deviennent de plus en plus
menacés. Parmi ces espaces naturels, nous avons la Niaye de Pikine et la forêt classée de Mbao.
En effet, la zone des Niaye et la forêt classée de Mbao constituent des écosystèmes fragiles avec
une biodiversité riche qui assure plusieurs fonctions aussi bien du point de vue
environnemental, socioéconomique que de bien-être. Depuis des années, ces zones naturelles
subissent des pressions énormes qui suscitent des interrogations sur leur devenir. L’objectif de
cette étude est de comprendre la dynamique de ces zones en identifiant les facteurs responsables
ainsi que les impacts et stratégies de préservation. La méthodologie adoptée est basée sur une
approche méthodologique axée sur la collecte, le traitement et l’analyse de données géospatiales
(points GPS, photographies aériennes), de données climatiques (pluviométrie et température),
de données socio-économiques collectées sur le terrain et des données démographiques. Aussi,
les outils de la télédétection et de la cartographie ont permis une analyse diachronique de
l’occupation des sols et des changements intervenus à partir de photographies acquises en 1978,
2005 et 2019. Les résultats obtenus mettent en avant une dynamique régressive des unités
paysagères naturelles comme la végétation et les plans d’eau et une forte augmentation du
paysage bâti. En effet, au niveau de la Grande Niaye de Pikine, la végétation est passée de 282
ha à 184 ha entre 1978 et 2019, les plans d’eau passent de 165 ha à 89 ha. À la même période,
le bâti est passé de 81 ha à 536 ha soit une augmentation de 43 %. Dans la forêt classée de
Mbao, la végétation a perdu 376 ha soit 55% de sa superficie de 1978 à 2019, les plans d’eau
ont connu une hausse de 4 ha alors que les surfaces bâties ont connu une augmentation de 435
ha soit 14,2 % de sa superficie. Ces évolutions résultent de la combinaison de quatre principaux
facteurs aux poids différents que sont : l’augmentation de la population, l’urbanisation accrue,
la construction des infrastructures, et la sècheresse des années 1970 et 1980. Globalement, ces
évolutions se manifestent par la régression des cultures et la fréquence des inondations qui
affectent les conditions socioéconomiques des ménages, la diminution de la couverture végétale
et la rareté de certaines espèces de la faune affectant ainsi l’équilibre de la biodiversité. Cette
situation incite les populations locales et les services des Eaux et Forêts à mettre en place des
actions de préservation qui doivent être néanmoins renforcées pour assurer plus d’efficacité.