L’exploitation clandestine du bois d'oeuvre de la forêt aménagée des Kalounayes : impacts écologiques et socio-économiques pour la commune de Tenghory (Département de Bignona).
Abstract
Au Sénégal, les pressions anthropiques contribuent à la dégradation des forêts. En
Casamance, malgré la suspension de l’exploitation des ligneux dans la région de Ziguinchor
depuis 1991, celle du bois d’œuvre continue dans la forêt aménagée des Kalounayes située
dans l’arrondissement de Tenghory. Cette exploitation clandestine contribue dans une large
mesure à l’approvisionnement des communes de Tenghory, Bignona et même Ziguinchor.
Cette étude vise à analyser l’exploitation clandestine du bois d’œuvre de la forêt aménagée
des Kalounayes et ses impacts dans le chef-lieu de ladite Commune.
L’observation directe, le suivi des exploitants, les entretiens, les questionnaires adressés à 449
ménages et 45 propriétaires de menuiserie identifiés à Tenghory, le focus group et la
cartographie sont les outils mobilisés pour mener à bien cette analyse.
Les résultats de ce travail montrent que l’exploitation clandestine du bois d’œuvre relève de la
combinaison de plusieurs facteurs et est soutenue par divers acteurs. Le suivi effectué aux
mois d’avril et septembre 2019 sur les deux axes Tienghout- Tenghory Transgambienne et
Djitoucoubon-Tenghory Transgambienne a permis de dénombrer au mois d’avril 132
chargements de charrette contenant 684 billons tandis qu’au mois de septembre 72
chargements ont été dénombrés pour 225 billons soit 204 chargements et 909 billons. Cette
activité constitue une niche fiscale pour la collectivité territoriale qui reçoit mensuellement
du secteur forestier de Bignona, des recettes contentieuses et domaniales évaluées à 9.100.325
de 2015 à 2019. Pour faire face à cette situation, et assurer la protection des forêts, l’Etat a
mis en plus du cadre juridique régi par le code forestier, l’acte III de la décentralisation, qui
donne aux collectivités territoriales le pouvoir de gestion et de protection sur les différentes
ressources naturelles de leur terroir. Force est de constater que ces outils ne semblent pas
résoudre le problème compte tenu des agressions que subit la forêt aménagée des Kalounayes.
C’est pourquoi, il est nécessaire d’explorer davantage les facteurs d’implication des
populations riveraines dans les plans d’aménagement forestier.